Louise et René
Extrait:
En face de lui il avait vu une femme en tailleur, aux cheveux bouclés et argentés serrés dans un foulard vert qui se tenait bien droite dans l'embrasure de la porte. Puis ses yeux avaient rencontré ceux de cette femme. Il était devenu tout pâle et immobile une main tenant son marteau et l'autre pendante le long de son corps. — Non s'était-il dit, non, je dois rêver. Ce n'est pas elle — Machinalement, il avait plongé sa main dans la poche de son pantalon et en avait retiré la pochette qui gardait toujours avec lui. II la regardait et la chaleur commençait à inonder son visage et sa poitrine. Non ? Est-ce que c'est LOUISE PERRIN ? — Elle, elle avait senti le sol vaciller sous ses pieds et elle s'était appuyée des deux mains sur la poignée de la porte. - Louise avait demandé Sidonie, tu ne te sens pas bien ? Elle avait été incapable de répondre car elle ne quittait pas René des yeux. Pendant quelques minutes dans le silence, René l'observait sans prononcer un mot et elle aussi le dévisageait sans rien dire. René avait senti les forces lui manquer et il avait lâché le marteau qui était tombé dans un bruit retentissant et en même temps, il avait montré la pochette. Elle avait plongé son regard sur cette pochette et instinctivement elle lui avait tendu sa main droite pour lui faire voir une bague. Des larmes brouillaient ses yeux tandis qu'un sourire lumineux apparaissait sur ses lèvres. Il avait prononcé d'une voix émue et heureuse, un seul mot. - Louise? Aussitôt elle avait répondu. - René ? Sidonie Garel n'avait rien compris ! Elle avait pris la parole. - Vous vous connaissez tous les deux ? ______________ Ainsi, tu n'avais jamais oublié que nos portions ma sœur et moi des chapeaux verts. C'est pourquoi tu as acheté ce livre ? Comment oublier ce jour ensoleillé où toi et ta sœur jeunes filles fleuries vous portiez joliment ces adorables chapeaux verts ? Tu rayonnais et tes yeux étaient des calices dans lesquels je m'y regardais. Mais ce livre, c'est tragiquement que je l'ai eu. Ce livre appartenait au sanatorium où se reposait Louisette. C'était le dernier livre qu'elle avait lu. A sa mort, je l'ai trouvé sur la table de chevet. Par mégarde ou par instinct, je ne sais pas, j'ai rangé ce livre dans la valise avec les effets de Louisette. Elle venait de mourir et ce livre me rappelait ton beau visage sous ton chapeau vert. C'est très touchant ce que tu le dis là ! |
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