Giovannissimo, Coeur Celeste et la Bellissima de Venise
Extrait:
Flaminia épuisée et essoufflée s'était perdue. Elle s'était réfugiée près du Rio de San Cassiano. Assise, sur le bord du canal, elle réfléchissait. Quelques Vénitiens regagnaient leurs maisons pour se restaurer. Personne ne porta attention à elle. Giovannissimo s'en était remis à son instinct. Il avait suivi rapidement les ruelles. Ses yeux visionnaient l'ensemble, puis détaillaient toutes les personnes habillées de blanc dont les cheveux seraient tout blond bouclé et très longs. Son cœur s'était emballé quand il lui avait semblé l'apercevoir. Il maîtrisait son empressement en ralentissant ses enjambées. Lorsqu'il fut à deux mètres d'elle, une joie inconnue l'envahit. Avant de l'aborder, il réajusta sa veste, respira profondément. Elle se tenait les mains croisées, le buste penchée. Sous la robe de Colombine, ses jambes pendaient au-dessus de l'eau. Il s'était demandé si elle n'allait pas sauter. - Mademoiselle, ne sautez pas? Il s'approcha d'elle tranquillement, mais, prêt à la retenir. Elle releva la tête, se leva et s'écarta du bord. ______________ Giovannissimo sauta prestement dans sa gondole tandis que Guiseppe qui se tordait de douleurs avait pris son temps pour poser les pieds dans la sienne. Sur les quais les Vénitiens se bousculaient. C'était à qui verrait le mieux. Le silence remplaça les clameurs lorsque les deux hommes s'apprêtèrent à jouter. Giovannissimo avant de commencer avait pris la parole: - Maître Cantalli, je veux vous dire devant mes amis et tous ces gens que je suis un honnête homme et je n'ai rien fait dont je puisse rougir. Je dois vous avouer la vérité. J'aime votre femme et je la respecte. Néanmoins, j'espère qu'un jour viendra où votre épouse deviendra la mienne. Je saurai être patient. Ce jour sera béni. Sachez que je ne me défendrai pas car j'estime qu'aimer en toute pureté ne met pas mon honneur en jeu, ni le vôtre d'ailleurs. Je suis prêt, en avant Maître Cantalli. Chacun retenait son souffle. A la proue de sa barque, Guiseppe, les deux pieds bien calés leva sa lance et frappa dans le bouclier de Giovannissimo. Celui-ci restait impassible. Guiseppe recommença avec difficulté, ses mains déformées, ses doigts tordus l'empêchaient d'accéder facilement à son adversaire. Des : Oh ! et des : Ah ! Parvenaient à leurs oreilles. Giovonnissimo jeta sa lance et son bouclier dans le canal. Une voix hurla : - Vas-y Guiseppe, fais-le tomber à l'eau. Guiseppe désemparé et fatigué regarda d'où venait la voix et à son tour jeta la lance et le bouclier à l'eau en criant : - C'est fini, j'ai lavé mon honneur. Viens Giovanni, je veux te parler. |
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